GAFE, « Appui méthodologique au développement local de Kenscoff », revue Décentralisons : bulletin d’informations des collectivités territoriales #5, USAID, juin 2011, p.3-4
APPUI MÉTHODOLOGIQUE AU DÉVELOPPEMENT LOCAL DE LA COMMUNE DE KENSCOFF
Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement, novembre 2010
De mars 2007 à août 2008, le Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement (GAFE), organisation non gouvernementale (ONG) haïtienne spécialisée en développement local et en éducation à l’environnement, a accompagné la commune de Kenscoff dans sa démarche de développement local avec la production du plan de développement local de la commune.
Le projet d’appui au développement local de la commune de Kenscoff par le GAFE ne s’est pas fait au hasard. Il est l’aboutissement d’un long processus qui a commencé en 2004, bien avant la date officielle de démarrage du projet, à la demande du Maire titulaire de l’époque.
Pendant les deux années qui suivirent, une série de réunions et de formations aux enjeux du développement local a été organisée pour les acteurs locaux de Kenscoff (Représentants de la Société Civile, élus locaux), dans le but de les informer sur leurs rôles et leurs responsabilités s’ils décidaient d’entrer dans une dynamique de développement local. Finalement une convention de partenariat a été signée entre la mairie et le GAFE pour doter la commune d’un plan de développement local. Le budget du projet s’élevait à 52.597,72 euros. Il a été cofinancé par la Délégation de la Commission européenne en Haïti, le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France et le Conseil Régional de Basse-Normandie. Il s’est déroulé sur une période de 18 mois et a été mené selon les principes du GAFE, à savoir : Interventionnisme minimum, responsabilisation des autorités locales, volontarisme, neutralité, concertation, participation effective.
Insuffler une dynamique de développement local sur un territoire est un processus très long et très exigeant qui demande l’adhésion des acteurs locaux. L’identification des acteurs fut donc la première phase du projet, sachant que toutes les actions de mobilisation passent systématiquement par les autorités locales. Le GAFE propose une méthodologie, un fil conducteur, mais il ne se substitue pas aux responsables et élus locaux. Il propose un squelette, aux acteurs locaux de lui donner corps.
Accompagner une dynamique de développement local revient à responsabiliser les acteurs locaux mais aussi à leur donner les outils et les connaissances adéquats. Des structures ont donc été mises en place comme les comités locaux de coordination (CLC) au niveau des sections communales et le comité de gestion communal (CGC). Des formations ont été dispensées, traitant tantôt des enjeux du développement local, tantôt de la stratégie des acteurs, de la gestion de projet ou encore du marketing et de la communication.
Des outils ont été créés. Ainsi le GAFE a produit un outil didactique spécifique de formation au développement local, le NENCO (Négociations-Enjeux-Constructions). Le NENCO, qui s’apparente à un jeu de rôles, permet aux acteurs d’un territoire fictif de réaliser des projets en fonction des ressources dont ils disposent, sur la base de négociations.
Accompagner une dynamique de développement local c’est aussi être à l’écoute et observer les acteurs, le contexte pour comprendre mieux, pour conseiller mieux.
Accompagner une dynamique de développement local, c’est être humble, pour faire passer ses ambitions personnelles après les ambitions de la collectivité. Parfois, il est naturel d’avoir envie de prendre les choses en mains parce qu’on trouve qu’elles n’avancent pas assez vite, parce qu’on a un agenda à respecter. Mais, en s’adaptant au rythme des acteurs locaux, l’opérateur offre une garantie supplémentaire que la dynamique n’est pas simulée, mais qu’elle est stimulée par des acteurs du cru.
Enfin, accompagner une dynamique de développement local c’est être ouvert à tout courant de pensée et tout courant politique en sachant rester objectif. La prise de recul est souvent indispensable pour ne pas se trouver embarqué dans des considérations qui n’ont souvent rien à voir avec le projet en cours mais plutôt avec des conflits et des polémiques locaux.
Le plan de développement local de la commune de Kenscoff se veut être un support de réappropriation du territoire par ses habitants et de revendication d’une identité locale basée sur une histoire commune, un territoire commun. Le plan se veut également être un vecteur de restructuration, c’est-à-dire qu’il permet aux groupes de population du territoire de déterminer leurs objectifs au regard des moyens techniques, humains et financiers dont ils disposent. Enfin il est un document de référence ; il sert de contrat entre les différentes parties concernées par les actions réalisées à Kenscoff.
Avec son plan de développement local, la commune de Kenscoff détient un outil de négociations, de communication, de planification, un espace ouvert de dialogue et de concertation. Désormais, des réunions publiques sont organisées à l’initiative de la mairie pour présenter les résultats de ses actions devant les citoyens. Dans les sections communales, les comités locaux de coordination veillent à la bonne coordination des projets sur le terrain. Le Comité de Gestion Communal pour sa part se réunit régulièrement pour discuter la mise en œuvre du plan de développement local.
En novembre 2008 la mairie de Kenscoff a reçu le prix du projet le plus méritant décerné par la Commission Européenne à l’occasion des Journées européennes du Développement qui se sont déroulées à Strasbourg. Le Maire et le Directeur Adjoint de la mairie ont profité de ce voyage pour nouer des liens avec des collectivités territoriales françaises. Kenscoff est également en relation avec des collectivités territoriales aux Etats-Unis telles que Freeport, dans l’Etat de New-York et la ville de North Miami.
Le plan de développement local est devenu le passeport de la commune et sa carte de visite.