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Intégrer la dimension environnementale à ses projets de développement

« Intégrer la dimension environnementale à son projet »

Il est hygiénique, il est pratique, il est léger, il est très bon marché. Petite assiette à dessert, grand format, assiette à soupe, bol, grand gobelet, petit gobelet à café, boîte à lunch ; il est incontournable.

On le trouve partout, dans les agences de coopération, dans les ONG, dans les ministères, dans les restaurants, dans les commerces de rue, dans la rue, dans les arbres, dans les ravines, dans les canaux d’irrigation, dans les palétuviers, dans la mer, dans les poissons.

Il est un cancer. Il est une bombe à retardement. Il bouche les égouts. Il pollue. Il ne se décompose pas, il ne se recycle pas, il se disloque en infimes particules polluantes. Sa fumée, quand on le brûle, est toxique.

On l’appelle bwat manje, anbwate, fòm, foam ou styrofoam.

Il embarrasse (plus ou moins et moins que plus) les décideurs politiques et les organisations bien pensantes car tous l’utilisent. Et, tous sont hors la loi, depuis l’arrêté ministériel du 10 juillet 2013 « interdisant la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation, sous quelque format que ce soit, des sacs en polyéthylène et des intrants et objets en polystyrène expansé (PSE ou PS cristal ou styrofoam) à usage alimentaire unique, tels que plateaux, barquettes, bouteilles, sachets, gobelets et assiettes ».

Un arrêté de plus qui n’arrête rien…

Là où le bât blesse c’est quand le styrofoam est utilisé systématiquement dans des activités de prévention et de gestion des risques et désastres (GRD) ou de sécurité alimentaire. Ce serait même risible si ce n’était pas dramatique. Lors des séances de formation et d’information sur la GRD, le discours est bien rodé et le public semble concerné par le sujet. Au moment de la pause, les plats sont distribués dans des boîtes en foam et personne ne proteste. Formateurs et formés mangent. Le repas est bon, les participants sont satisfaits. La formation est un succès.

En 2011 Gonaïves était sous surveillance étroite suite aux épisodes dévastateurs de 2004. A l’heure du repas, des véhicules livrent un plein chargement de ces tristement fameuses boîtes blanches. Ces mêmes boîtes qui se retrouveront dans les ravines de la ville, les boucheront et contribueront aux risques d’inondations. Tout le monde mange avec appétit. Tout le monde se félicite du bon travail effectué sur le terrain. Personne ne se demande où finira la course de ces boîtes. Tout le monde s’en fout, les ventres sont pleins, comme les drains de la ville.

Il y a un moment donné où les opérateurs (locaux et internationaux) avec la caution des institutions financières et les services étatiques doivent questionner leurs stratégies d’intervention pour ne pas tomber dans la facilité et la démagogie.
Il ne s’agit pas de rester obnubilé par le cycle de projet, le cadre logique, les résultats attendus, les objectifs fixés, la pression du bailleur qui ordonne de décaisser vite.

Si le « quoi faire » est (relativement) important, le « comment faire » est primordial.

Bien souvent la gestion des projets est focalisée sur le « quoi faire », alors que le « comment faire » est autrement plus important pour garantir la cohérence de l’intervention, la crédibilité du message et le changement des comportements. L’urgence est un mauvais prétexte. On peut faire de l’urgence proprement. Le développement, censé être centré sur l’humain, devrait quant à lui être source d’innovations.

Il y a ceux qui disent ce qu’il faut faire et il y a ceux qui font ce qu’ils disent. Le GAFE fait partie du 2ème groupe.

Le GAFE a une politique environnementale. Elle est affichée au bureau et imposée à ses partenaires. Pour les services de restauration, le GAFE impose un cahier des charges environnemental à ses prestataires.